Il faut renforcer l'Etat pour que la France n'ait plus peur de la mondialisation :
Il faudra un nouveau traité et surtout un traité social. L'Europe actuelle n'a qu'une jambe économique. Sans sa deuxième jambe sociale, rien n'est possible. Mais je crois surtout qu'il faut donner à l'Europe du souffle et du sens. Il lui faut une idée aussi forte que le fut, du temps de ses fondateurs, l'Europe de la paix. On n'avancera réellement que si l'Europe prouve sa capacité à protéger, à faire reculer le chômage de masse, à incarner un avenir plus heureux. Plus encore que de règles techniques, c'est d'une vraie volonté politique dont nous avons besoin pour construire ce que j'appelle l'Europe par la preuve, qui conjugue l'émulation (stimulante), l'harmonisation (sociale et fiscale) et la mutualisation (champions industriels, programmes de recherche, bonnes pratiques managériales et sociales). L'autre sujet, pour moi, c'est la visibilité de l'Europe, qui n'a pas d'incarnation, pas de président, ni de ministre des affaires étrangères, ni de porte-parole et ne pèse pas sur l'évolution du monde. C'est à l'Europe réelle de rejoindre l'Europe de l'utopie. (….) L'Etat, lui aussi, doit accomplir une mutation et vivre avec son temps. Il faut redéfinir sa mission, c'est ce que l'opinion réclame. Et donner aux services publics les moyens humains et matériels de faire correctement leur travail. Il doit investir beaucoup plus dans la recherche et l'innovation pour préparer l'avenir puisque le fonctionnement à court terme du marché ne permet pas les choix à long terme. Sans l'Etat, il ne sera pas possible de préparer l'après-pétrole. Mais il doit aussi libérer les énergies, encourager le goût d'entreprendre, pousser les entreprises à faire preuve d'audace et de créativité. Le service public doit apporter les formations professionnelles qui permettront de changer d'emploi sans dommage, de rebondir ou de se reconvertir avec l'assurance d'un filet de sécurité et d'un accompagnement individuel de qualité. Il faut mutualiser les risques entre les salariés et les entreprises. " Le texte intégral des propos de Ségoléne Royal recueillis par Arnaud Leparmentier et Isabelle Mandraud (Le Monde, édition du 23.06.06). L'article sur le site lemonde.fr Débat en cours sur desirsdavenir.org :
La France dans le monde : http://www.desirsdavenir.org/index.php?da=14&debat=74
Rendre l'action publique efficace et participative :http://www.desirsdavenir.org/index.php?da=14&debat=73 Immigration : un ordre juste qui allie fermeté, efficacité et humanité.
Plutôt que de durcir brutalement le droit de vivre en famille (qui concerne 25 000 personnes par an) ou de détruire le dispositif de régularisation au bout de dix ans de séjour en France (3 000 personnes par an), comme le fait la droite, je crois qu'il faut, comme dans d'autres domaines, un ordre juste qui allie fermeté, efficacité et humanité. Il faut surtout, pour l'immigration de travail, instaurer un droit moderne à l'aller et au retour. " Le texte intégral : L'article sur le site lemonde.fr Débat en cours sur desirsdavenir.org : La France et l'immigration http://www.desirsdavenir.org/index.php?da=10&debat=83
Entretien à Têtu : «Pour moi, la question fondamentale est celle des discriminations.»
La sexualité, c’est le cadeau le plus beau fait à l’être humain. Il faut que les jeunes entrent dans la sexualité par une éducation positive. Parler des risques, c’est indispensable, mais sans donner aux jeunes une vision trop noire de la sexualité. Il est très important d’en parler pour que les enfants soient épaulés s’ils découvrent leur homosexualité ou celle des autres. On sait que les difficultés rencontrées à ce moment là expliquent nombre de suicides d’adolescents. Quand j’étais ministre de l’Enseignement scolaire, j’ai refondé l’éducation à la sexualité : j’ai été la première à prononcer le mot « homosexualité » lors d’une réunion avec les recteurs. C’était très important de faire figurer la question de l’homosexualité dans les instructions officielles car les enseignants n’osaient pas en parler. Deux parents du même sexe peuvent élever ensemble un enfant. Et puisque ma loi sur l’autorité parentale permet le partage de cette autorité sans différence de sexe, les familles homoparentales peuvent exister. Ce qui manque effectivement, c’est le pouvoir d’adoption en commun de deux personnes du même sexe. En la matière mon raisonnement est simple : l’adoption ne se fait pas au nom des parents, elle se fait dans l’intérêt de l’enfant. Que les parents soient homosexuels ou hétérosexuels, l’adoption est avant tout un projet familial. À partir du moment où on reconnaît la famille homoparentale comme une famille, cette famille a le droit de concevoir un projet familial. Ce qui compte, c’est la qualité de ce projet. Si un homosexuel peut adopter seul, pourquoi un couple homosexuel ne pourrait pas le faire? Les fondements juridiques sont là. On peut franchir le pas de la reconnaissance de l'homoparentalité sur la base de la qualité du projet familial. (…) Chacun doit pouvoir construire sa vie avec dignité, avec des règles claires, qui s’appliquent à tous. En tant que parent, qui peut refuser à l’un de ses enfants de vivre selon son libre choix si un jour il ou elle lui dit « je veux me marier avec une personne de l’autre sexe ». Il faut donc que la loi le permette. Sur ces questions de société, il faut rassembler une majorité de français (…) Il faut simplement, au préalable, faire comprendre aux français que peut être, un jour, ils peuvent être confrontés à ces questions. J’ai la volonté de conduire ces réformes sans blessure, sans déchaîner les passions. C’est très important, car derriére la question du mariage, il y a la question des discriminations au sein de la République. cela signifie que la l’homosexualité n’est plus en margé, et que les homosexuels ne sont plus considérés comme des citoyens de seconde zone." Extraits de l’interview accordée à Têtu, daté de juillet-août 2006 |